Savoir rédiger

 A/l'adaptation au destinataire :


  Pour rendre son message << acceptable >> par
le destinataire, l'émetteur doit se plier à certaines

contraintes de forme. D'abord, il doit rendre son écriture

lisible (dans le cas d'un message rédigé à la main),
proposer une « mise en page >> agréable et aérée,
respecter les règles de la ponctuation et le code
orthographique de la langue (voir plus loin
"
La présentation matérielle >>).
Il doit ensuite avoir le souci d'un niveau de langue
approprié. La consultation d'un dictionnaire permet
d'éviter les contresens ou l'utilisation d'un vocabulaire
inadapté.

A/ Les niveaux de la langue 


On appelle « niveau de langue » l'ensemble des habitudes de langage d'un individu donné ; ces habitudes correspondent à sa position dans la société, à 
son degré de culture, ou à l'image qu'il veut donner de lui-même. Ainsi, dans un
milieu populaire, on dira spontanément :
J'ai bouffé que dalle au resto.
Alors qu'une personne cultivée, appartenant à un milieu favorisé, ou sur-
veillant davantage son langage, dira:
Je n'ai presque rien mangé au restaurant.
On distingue ainsi plusieurs niveaux de langue, reconnaissables à différents
indices, entre autres :
-
le vocabulaire de la phrase (dans l'exemple précédent, l'emploi des verbes
<< bouffer » ou «< manger »>, du nom abrégé « resto » ou du nom complet << restau-
rant »),
les tournures grammaticales (emploi sans « ne» de l'expression argotique
« que dalle »>, ou de la négation « ne... rien »),
l'exactitude ou non de certaines formes difficiles de la langue (par exemple
dans la conjugaison, l'emploi de la forme fautive « *ils croivent » au lieu de « ils
croient »>, à l'indicatif présent du verbe « croire »).

• Le langage populaire, d'abord, est le niveau des personnes les moins favo-
risées culturellement et socialement, qui emploient spontanément des mots ou
tournures comme « un mec » (pour désigner un homme), « c'est nul » (au sens
« se casser » (pour « s'en aller »); le lan-
de « cela ne vaut pas grand-chose »),
gage populaire se caractérise aussi par la simplicité des constructions de
phrases employées, par exemple l'emploi de deux propositions indépendantes
au lieu d'un système où l'une des propositions serait subordonnée à l'autre
(Continue à dépenser autant, tu cours à la ruine au lieu de Si tu continues..., tu
courras...).
Le langage populaire est qualifié de « vulgaire » quand sont employés des
mots choquants (souvent à caractère sexuel).
Il devient argotique » quand ceux qui l'emploient cherchent à n'être compris
que d'une catégorie d'« initiés », ou du moins veulent montrer leur appartenance
à un groupe bien déterminé : il en est ainsi de ce qu'on pourrait appeler le «<
gage des jeunes », ou « langage branché », caractérisé entre autres par l'emploi
du «verlan», vocabulaire dont les mots sont formés par inversion des syllabes
du terme d'origine, e muet compris : en « verlan» (inversion de l'expression « [à]
l'envers »), une «teuf » désigne une fête, « zarbi »> signifie « bizarre »>, etc.
"
•Le langage familier a de nombreux points communs avec le langage popu-
laire; il est utilisé, dans presque tous les milieux, dans des circonstances où il
n'est pas jugé nécessaire de surveiller beaucoup sa manière de parler, quand on
se trouve en compagnie de personnes avec lesquelles on a des relations de
familiarité amicale; par exemple un élève dira dans la cour de récréation : Je me
suis complètement planté pour signifier qu'il n'a pas réussi son interrogation
écrite.
• Le langage courant, appelé aussi « français standard» (les catégories ci-
dessus appartenant toutes au français dit «< non standard ») est la forme la plus
usuelle de la langue, celle dont on doit se servir pour communiquer dans la plu-
part des situations de la vie. C'est une forme d'expression correcte, soignée,
mais neutre, sans effets particuliers, convenant à tous : J'ai raté mon devoir, dira
l'élève à son professeur. En tous points conforme au modèle à suivre décrit dans
les grammaires (la « norme », voir page 13), la langue courante est celle que l'on
exige dans toutes les situations de la vie professionnelle ou scolaire.
• Le langage soutenu est marqué par le souci d'un vocabulaire recherché
et précis, le soin apporté à la construction des phrases (elles sont souvent
complexes »,l'emploi le cas échéant de formes grammaticales
rares (par exemple des verbes à l'imparfait du subjonctif quand la concordance
des temps l'exige), et à l'oral par la perfection de la prononciation.
On s'exprime en langage soutenu quand on souhaite être précis ou expressif
(par exemple dans un ouvrage scientifique ou en littérature), marquer son niveau
social ou culturel, s'exprimer officiellement ou d'une manière particulièrement
solennelle à l'oral ou à l'écrit. Ainsi dira-t-on en langage soutenu : Il aurait (ou : il
eût) été préférable qu'on n'abordât pas ce sujet, et en langage courant: Il aurait
mieux valu ne pas aborder la question.
• On ajoutera à ces niveaux de langue les parlers dits « patois », que l'on
trouve dans des régions géographiques précises, généralement en milieu rural,
et caractérisés par certaines tournures de phrases.


B/ Quel   niveau de langue à  l'écrit :

Aucun niveau n'est, dans l'absolu, plus acceptable qu'un autre. Cependant, les

circonstances exigent la plupart du temps l'emploi à l'écrit d'un niveau de langue

bien déterminé.

On peut dans une lettre, une carte postale, une note adressée à un proche

(ami, parent, collègue...) adopter un langage détendu, caractérisé par exemple

par le tutoiement ou l'usage de mots familiers (Salut, Jeannot!).

Mais c'est le langage courant qui s'imposera dans la plupart des situations,


comme le résumé d'un article de presse, un compte-rendu de visite, une rédac-

tion scolaire.

Enfin, un langage soutenu s'imposera en certaines occasions où l'on souhaite

marquer de la solennité, de la gravité (discours, lettre), ou simplement quand la

précision s'impose (description littéraire).

Il est à noter qu'il reste possible d'employer un autre niveau de langage dans un

récit comprenant des parties où l'on rapporte au discours direct.

les paroles «prises sur le vif» de personnes réelles ou de personnages imagi-

naires dont il est utile de mettre en valeur le langage particulier (familier, patoi-

sant, ou au contraire très soutenu), afin d'insister sur leur caractère ou leur

situation sociale, de donner au récit un peu de couleur locale, etc.; ainsi, dans

cet extrait, l'auteur fait parler en patois un paysan normand (l'équivalent en fran-

çais standard est donné entre crochets):

Il allait sortir; il revint et après une hésitation: « Pisque t'as point d'ouvrage

[puisque tu n'as pas de travail], loche [fais tomber de l'arbre] des pommes à

cuire, et pis [puis] tu feras quatre douzaines de douillons [chaussons aux

pommes] pour ceux qui viendront à l'imunation [l'inhumation, l'enterrement],

vu qu'i [i] faudra se réconforter. T'allumeras [tu allumeras] le four avec la bour-

rée [le petit bois] qu'est [qui est] sous l'hangar au pressoir [le hangar du pres-

soir]. Elle est sèque. »> [sèche]

(Guy de Maupassant, «Le Vieux », Contes du jour et de la nuit, 1885)

>>

C/ Les exigences de l'ecrit:



À l'écrit, le langage courant comme le langage soutenu sont soumis à des exi-
gences strictes.

• La grammaire et la conjugaison doivent être d'une correction parfaite : l'au-
teur d'un texte écrit doit toujours le relire afin d'en corriger les fautes.
Par exemple, la manière dont est exprimée l'interrogation directe trahit le niveau
de langage adopté. En langage familier, on exprime souvent l'interrogation sans
inverser le sujet, c'est-à-dire sans le placer après le verbe (Tu viens ?, Tu vas où ?,
Où tu vas ?). En langage courant, on utilise soit la forme «Est-ce que... » (Est-ce
que tu viens?, Où est-ce que tu vas ?), soit l'inversion du sujet (Viens-tu ?; Où vas-
tu ?). En langage soutenu, seule l'interrogation avec inversion, plus élégante, est
recommandée (voir aussi ci-dessous, «La correction de la langue »).
Le vocabulaire ne doit pas comprendre de mots ou d'expressions familiers.
Ainsi l'expression: Il n'y a pas le feu! doit être remplacée par une formulation
comme Nous ne sommes pas pressés. C'est aussi, entre autres, le cas des noms
« dictionnaire »,
(de ne
abrégés : les noms «prof», «dico», «télé», «catho» sont familiers, voire péjo-
« neutres »
ratifs, les noms courants ou soutenus étant « professeur »,
télévision», «catholique », qui ont aussi l'avantage d'être
pas indiquer l'opinion de celui qui écrit).
"
L'écrit évite aussi les interjections. L'interjection constitue une des catégories
grammaticales de la langue; c'est un mot ou une locution utilisés pour traduire
une émotion particulière de la personne qui s'exprime (étonnement, désarroi,
indignation, impatience, doute, supplication, volonté d'attirer l'attention, etc.):
Oh! Eh bien! Ciel! Hélas! Oh la la!
Sauf volonté d'écrire de manière un peu familière (à un proche) ou de rapporter
un dialogue, on remplacera l'interjection par une phrase complète.
où le sentiment sera décrit à l'aide de noms, de verbes ou d'adjectifs : ainsi l'inter-
jection Ouf! pourra-t-elle être remplacée par des phrases comme Je me suis
détendu(e) [après l'examen). J'avais le coeur plus léger..., Quel soulagement..., etc.
Les onomatopées ont encore moins leur place que les interjections en lan-
gage soutenu. On appelle « onomatopée » un mot ayant pour origine l'imitation
d'un son le
d'un insecte qui vole, et sert aussi à désigner ce bruit.
À l'écrit, il faut éviter les onomatopées pures: ainsi écrira-t-on plutôt : // y a
près de moi une bête qui bourdonne, et non une bête qui fait bzz!
On peut en revanche employer les mots dérivés d'onomatopées, verbes ou
noms à part entière souvent très expressifs (appelés « mots onomatopéiques »):
ainsi l'onomatopée « crac ! » a-t-elle donné naissance au verbe « craquer » et
craquement » ; les cris d'animaux sont encore presque audibles dans
les verbes aboyer, miauler, coasser (utilisé à propos des grenouilles), croasser
(s'appliquant aux corbeaux), etc.
au nom «
D'autre part, en langage courant, dans un récit un peu vivant, un texte humo-
ristique ou même poétique, il n'est pas tout à fait interdit d'utiliser des onoma-
topées, à condition de ne pas les employer maladroitement: certaines
onomatopées pures peuvent être employées comme noms (le doux tic-tac de la
pendule), tandis que d'autres paraissent vraiment enfantines (*le miaou du chat,
quand existe le nom miaulement).
On notera aussi que, même si de nombreuses onomatopées fantaisistes
apparaissent dans la bande dessinée, l'emploi de ces mots en français est rela-
tivement codifié (mieux vaut consulter le dictionnaire) : on préférera par exemple
« plouf! » à l'onomatopée anglo-saxonne « splash! ».


Ailleurs que dans un texte scientifique (par exemple un devoir de mathéma
confusions (" p.p. » veut-il dire « participe passé », « participe présent », « propo.
» ou « proposition participiale»?), et dans tous les cas parais.
sent peu pour «
sition principale
« min » pour «< minute(s) », etc.).
Il vaut mieux également écrire les noms de nombres en toutes lettres (on peut
néanmoins admettre que les nombres très longs, supérieurs à un million, soient
écrits en chiffres). Ainsi écrira-t-on deux heures et demie et non « 2 h 30 », trente
kilos (en langage soutenu : trente kilogrammes) au lieu de « 30 kg », etc.
Le cas des sigles est un peu différent. On crée un sigle en réduisant une
dénomination (pays, organisme, entreprise, etc.) à la première lettre ou à la pre-
mière syllabe des mots qui la composent : par exemple l'Organisation des Nations
unies devient l'O.N.U., la Société nationale des chemins de fer français est désignée
sous le sigle de S.N.C.F. (les articles et les prépositions n'apparaissent pas).
On peut admettre l'utilisation d'un sigle s'il est largement connu et remplace
une appellation vraiment trop longue; le sigle devient parfois un mot à part
entière, comme Benelux qui désigne une communauté formée par la Belgique
(«Be»), les Pays-Bas («Ne», du flamand « Nederland ») et le Luxembourg
(«Lux»).
ATTENTION
Certains sigles ne sont que l'abréviation de mots étrangers et n'ont pas leur
place en français: U.S.A., qui signifie en anglais United States of America, doit
être remplacé par États-Unis (d'Amérique].
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